Le Testament
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J’irai souffrir sous les remparts de sa vie
Pour ne lui avoir presque jamais rien dit,
Pour lui avoir un jour à peine souri ;
J’irai souffrir… Souffrir pour lui avoir tout pris.
J’irai souffrir sous les remparts de sa souffrance
Pour ne pas avoir écouté ses silences,
Pour ne pas avoir entendu son existence,
J’irai souffrir… Souffrir sans rompre ma délivrance.
L’image de ce cercueil froid et nu devant mes yeux
Entraîné dans les flammes dans un dernier adieu
Me faisait me rendre compte que pendant vingt trois ans,
J’avais manqué d’exister en tant que son enfant.
J’irai souffrir sous les remparts de sa vie
Pour ne lui avoir presque jamais rien dit,
Pour lui avoir un jour à peine souri ;
J’irai souffrir… Souffrir pour lui avoir tout pris.
Devant l’autel des disgrâces, j’implore son pardon,
Hélas, évoquer la miséricorde dans le fond
Ne remplacera pas le passé de mon testament
Pour avoir signé le pacte d’un mauvais jugement.
J’irai souffrir sous les remparts de sa souffrance
Pour ne pas avoir écouté ses silences,
Pour ne pas avoir entendu son existence,
J’irai souffrir… Souffrir sans rompre ma délivrance.
Peut-être que de là où il est, il serait fier
Que son fils ait modifié le testament de son père
En lui offrant trop tard le cadeau de l’aimer
Pour un gamin qui lui a volé ses années.
J’irai souffrir sous les remparts de sa vie
Pour ne lui avoir presque jamais rien dit,
Pour lui avoir un jour à peine souri ;
J’irai souffrir… Souffrir pour lui avoir tout pris.
Comme un tombeau ouvert, me ronge ma cicatrice
D’avoir vu partir mon père sans que je sois son fils,
Le temps qui s’en va ne pourra plus pour moi,
Les regrets non plus, n’effaceront rien de ce lourds poids.
J’irai souffrir sous les remparts de sa souffrance
Pour ne pas avoir écouté ses silences,
Pour ne pas avoir entendu son existence,
J’irai souffrir… Souffrir sans rompre ma délivrance.
Il a fallu que je ne sois plus là
Pour que je puisse l’appeler Papa.
Michaël BLAUWART
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